Cette narration, matérialisée par plusieurs centaines de dessins, dévoile un constat pessimiste raconté par un je désillusionné du milieu de l’art québécois, critiquant les conditions d’émergence et de reconnaissance d’un artiste en début de carrière.
« T’es pas un artiste pluridisciplinaire, t’es juste poche dans un peu toute »
Dans un exercice d’écriture incisive à la première personne du singulier, l’artiste Antoine Larocque génère un récit dont la réalité du protagoniste pourrait facilement se confondre avec sa propre existence. Cette narration, matérialisée par plusieurs centaines de dessins, dévoile un constat pessimiste raconté par un je désillusionné du milieu de l’art québécois, critiquant les conditions d’émergence et de reconnaissance d’un artiste en début de carrière.
Le personnage principal de cette histoire ne mâche pas ses mots pour raconter les aléas de la vie d’artiste, traçant une ligne franche entre l’étudiant en art et l’artiste professionnel, tout en dressant un portrait acerbe du contexte dans lequel il gravite et tente de se faire voir. À la frontière entre l’autocritique et la critique des institutions (artistiques, académiques et médiatiques), le discours irrévérencieux de l’artiste prend forme dans de courts énoncés aux couleurs vives et rédigés au pastel gras sur des feuilles blanches.
Cette exposition est composée comme un long poème dans un langage parfois cru, mais assurément direct, où le franc-parler du protagoniste décrit un constat acerbe des usages et coutumes du monde l’art. Assumant une écriture maladroite et parsemée de fautes d’orthographe (comme traces d’une urgence de dire et d’écrire), l’artiste désillusionné s’empare à la fois des codes de la culture populaire, des raccourcis utilisés sur les réseaux sociaux et des références très spécifiques du régime de l’art.
Ce manifeste subjectif, qui écorche à la fois les artistes, le milieu de l’art, les étudiant·es en art, le milieu académique, les réseaux sociaux et les médias d’information, met à rude épreuve l’ensemble des processus de validation qui devraient éventuellement mener à la vie d’artiste. En regard de ce discours critique sur les institutions d’enseignement et les institutions artistiques, la galerie universitaire constitue le lieu privilégié pour présenter le travail de ce jeune artiste qui se prétend être Antoine Larocque. En espérant qu’il ne démissionne pas de la vie des arts.
Antoine Larocque, né à Arthabaska en 1995, est un artiste en arts visuels. Son travail prend sa source dans le tissu social de la ruralité et des banlieues du Québec. Il s’est fait connaître avec Notes d’atelier, recueil de textes publié par Pièce jointe éditions en 2022. Ses vidéos ont été présentées au Canada et à l’international. Il est représenté par la galerie Laroche/Joncas. Son travail d’artiste se caractérise par une approche personnelle, brute et expérimentale de l’image et des mots, à travers une utilisation de la photographie, de la peinture, de la vidéo, du texte, des médias sociaux et de différentes techniques d’impression. Il privilégie des moyens rudimentaires afin de transfigurer son quotidien ainsi que les codes esthétiques de la culture québécoise.
Dans le cadre de son partenariat avec la Galerie UQO, la bibliothèque du pavillon Lucien-Brault a mis à votre disposition une sélection de documents thématiques pour soutenir cette exposition.
Détentrice d’un doctorat en études et pratiques des arts de l’Université du Québec à Montréal (2024), Marie-Hélène Leblanc est directrice et commissaire de la Galerie UQO à l’Université du Québec en Outaouais depuis 2015. Sa pratique commissariale l’a amenée à produire plus d’une trentaine de projets présentés dans diverses structures d’exposition au Québec, au Canada et en Europe. Considérant l’exposition comme médium, elle se définit comme commissaire-faiseuse d’expositions-autrice-praticienne-chercheuse. Gaspésienne, elle vit à Gatineau.