Avec des références nombreuses aux institutions artistiques, l’artiste propose une satire du monde de l’art.
«Wendy est une jeune fille dans la vingtaine ayant terminé récemment des études en art qui a de grandes aspirations artistiques. Elle habite dans une ville semblable à Montréal. Malgré son intelligence et ses ambitions de devenir une artiste célèbre, elle prend beaucoup de décisions stupides, est défoncée tout le temps, s’amourache de gars idiots de groupes de musique et est la plupart du temps une épave émotionnelle. Elle est aussi à la mode et a de beaux cheveux.»
—Walter Scott à propos de Wendy
Que ce soit par des références subtiles à certaines œuvres ou à des ouvrages entièrement dédiés à divers enjeux actuels, l’art contemporain s’immisce dans le neuvième art, qu’on pense à l’ouvrage Les amateurs de Brecht Evens, Le sculpteur de Scott McCloud ou encore White Cube de Brecht Vandenbroucke. C’est dans cette mouvance que s’inscrit Wendy, le personnage de Walter Scott. Avec des références nombreuses aux institutions artistiques, l’artiste propose une satire du monde de l’art. Bien que Wendy existe d’abord dans des zines, des livres et sur un blogue, elle occupe pour le temps d’une exposition les murs de la Galerie UQO qui deviennent un espace d’expérimentation, tant pour l’artiste que pour son personnage.
Wendy, qui incarne de façon désinvolte une génération de jeunes diplômés d’écoles d’art, s’efforce de trouver sa place dans le monde professionnel de l’art contemporain. Ayant une forte tendance à la débauche et démontrant une prédisposition à l’autodestruction, ce personnage de Walter Scott cherche tout autant à nommer et à situer sa pratique artistique. Wendy est présentée à la Galerie UQO pour sa propension à poser une réflexion critique sur le contexte artistique dans lequel elle évolue, tout en analysant de manière irrévérencieuse les failles de ce système. Bien que les bandes dessinées noir et blanc de Wendy dévoilent principalement l’intimité de la protagoniste— ponctuées par ses déboires amoureux, ses crises existentielles et ses problèmes du quotidien —la trame de fond est résolument ancrée dans le commun du monde de l’art. Le corpus sélectionné pour la première rétrospective de Wendy présente à la fois les conseils de Wendy, les questionnements soulevés par la pratique artistique, les nombreuses propositions de projet (exposition, résidence) et les invitations institutionnelles qui rythment le quotidien, ainsi que l’exploration des différents états de la création artistique.
Les influences de Walter Scott sont nombreuses et définissent non seulement Wendy et son entourage, mais aussi sa vision personnelle du monde de l’art contemporain et son rapport au politique. L’artiste est influencé entre autres par des icônes féministes comme Mary Tyler Moore, Elle Woods dans Legally Blonde, ainsi que l’artiste, poète punk, romancière expérimentale et cinéaste Kathy Acker. Il met en relation sa pratique et la notion de confession critique développée dans les écrits de Chris Kraus. D’un point de vue plus personnel et dans une perspective davantage politique, les textes de l’artiste et écrivaine Hannah Black sont aussi une référence pour Walter Scott.
Walter Scott, né en 1985, est un artiste interdisciplinaire avec une pratique en écriture, en vidéo, en performance et en sculpture. En 2011, à Montréal, il entame la création d’une série de bandes dessinées intitulée Wendy explorant le récit fictif d’une jeune femme qui vit dans un grand centre urbain. Le personnage tente d’atteindre un succès mondial et la renommée artistique, mais des obstacles se mettent constamment en travers de ses rêves. La marginalité et le polymorphisme sont au cœur de ce travail. Wendy a fait l’objet de publications dans Modern Painters, Canadian Art, Mousse Magazine et Art in America. Elle a été sélectionnée lors de l’édition 2016 du Best American Comics, publié par Houghton Mifflin Harcourt à New York. Walter Scott présentait récemment les expositions Big Toe, Giant Steps à Occidental Temporary à Paris, Ambivalent Pleasures: Vancouver Special à la Vancouver Art Gallery à Vancouver, ainsi que Walter Scott and Barb Choit à la Gallery Weeken à San Francisco. En 2016, Walter Scott était l’artiste en résidence du Musée des beaux-arts de l’Ontario.