Le 13 mars dernier, la Galerie UQO a fermé ses portes avec l’annonce de la fermeture complète de l’Université du Québec en Outaouais – pandémie COVID-19 oblige. Cette fermeture a entraîné inévitablement des conséquences sur les activités prévues de sa programmation.
Cette situation exceptionnelle a forcé l’annulation de l’exposition Collection de collections, un premier commissariat de Jessica Minier, qui devait être présentée dans les espaces de la Galerie UQO du 13 mai au 13 juin 2020. Cette exposition comptait rassembler des œuvres de Moridja Kitenge Banza, Maggie Groat, Ahmet Ögüt, Marc-Antoine K. Phaneuf et Anna Torma. Considérant l’annonce de la Galerie UQO de se transformer en laboratoire de recherche pour la prochaine année, l’exposition Collection de collections ne sera pas présentée dans les espaces physiques de la galerie, mais sera plutôt adaptée en une publication numérique. Cette situation hors de l’ordinaire représente l’occasion toute désignée pour réfléchir aux formes de l’exposition actuelles et futures en utilisant le commissariat comme modèle de recherche pour tâcher de la réinventer. La publication numérique aura pour objectif de livrer sous un format expérimental l’essentiel d’une réflexion commissariale et de révéler le processus de création. Par conséquent, elle cherche à rendre visible un travail normalement invisibilisé. La publication numérique sera lancée au cours de l’automne 2020.
Descriptif de Jessica Minier de l’exposition qui n’a pas eu lieu :
Alors que leurs œuvres sont acquises par des musées ou des collectionneurs privés, certains artistes revisitent le concept de collection : ils collectionnent tout comme ils sont collectionnés. Ce comportement observable à la fois dans une institution, comme le musée, ou chez un individu, comme l’artiste, peut prendre source dans un désir d’acquisition de connaissances, de plaisir esthétique et de renom. Collectionner repose essentiellement sur une vision personnelle qui implique des choix : d’une part, les institutions se refusent cette forme de subjectivité et d’autorité en diminuant l’impact des décisions individuelles des conservateurs; d’autre part, les artistes développent leur discours en faisant œuvre avec la collection. Par leur appropriation de cette forme, les artistes questionnent à leur façon des pratiques normalisées par les institutions.
Dans Collection de collections, la commissaire se positionne comme collectionneuse-chercheuse et considère les artistes à titre de collectionneurs-créateurs. La notion de collection est donc spécifiquement interrogée dans une perspective de création. Cette exposition forme la collection d’étude utilisée par la commissaire pour observer une sélection d’œuvres-collections par cinq artistes. En tant que lieu d’expérimentation et d’avancement des connaissances, la Galerie UQO se présentait comme l’espace idéal pour explorer ce retour en popularité du collectionnement selon le point de vue des artistes — à la fois collectionneurs et collectionnés.
Chercher l’ouverture
Une tentative de « retour à la normale » se produit depuis le début de l’été, mais qu’entendre par cette expression de normalité? Face à la fausse évidence du « ça va bien aller », la Galerie UQO a décidé de fermer ses portes pour l’année 2020-2021 et de reporter les expositions prévues.
Le 9 septembre prochain, pour son 5e anniversaire, la GUQO inaugurera un laboratoire de recherche collaborative transdisciplinaire. Plutôt que de produire tel que prévu cinq expositions de septembre à juin, la GUQO se dotera de cinq axes de recherche pour activer son laboratoire et alimenter un processus de recherche-création qui interroge les enjeux actuels du milieu artistique au Québec, au Canada et à l’international.
Au cœur du geste de fermeture, il y a le désir de se donner du temps pour interroger les enjeux actuels du milieu artistique autant d’une perspective esthétique, éthique, économique que politique. À la lumière de la pandémie qui a transformé le rapport à la culture, la Galerie UQO interrogera son propre engagement dans la sphère culturelle et artistique de l'Outaouais, du Québec et du Canada. Plus encore, elle prouvera la place essentielle qu'occupe la Galerie UQO au sein de l'Université du Québec en Outaouais et la nécessité d’en développer la reconnaissance en son sein.
Depuis le 15 avril dernier la Galerie UQO propose les Lettres d’un présent précaire qui consistent en une exploration collective par le moyen d’une question formulée par
l’anthropologue Anna Lowenhaupt Tsing dès les premières lignes de son ouvrage Le champignon de la fin du monde. Sur la possibilité de vivre dans les ruines du capitalisme (2015) : que faire quand votre monde commence à s’effondrer? Chaque mercredi jusqu’à la fin août, une lettre est publiée sur le site Web et les réseaux sociaux de la Galerie UQO.