Pas de retour à la normale : la Galerie UQO se transforme en espace de recherche pour un an
Depuis quelques semaines, un « retour à la normale » se prépare dans toutes les sphères de la vie en société. Alors que la crise sanitaire a révélé la défaillance d’infrastructures et la répartition inégale de la vulnérabilité, qu’entendre par cette expression de normalité si ce n’est un retour aux processus de destruction ? Face à la fausse évidence du « ça va de soi » ou du « ça va bien aller », la Galerie UQO décide plutôt de fermer ses portes pour l’année 2020-2021 et de reporter les expositions qui étaient prévues.
Ce geste, bien que radical, ne correspond pas à une négation de l’art. À l’inverse, il consiste surtout à ouvrir devant soi un espace prêt à accueillir nos rythmes individuels et nos modes d’action subjectifs, libérés de toute attente et des impératifs de productivité. Au cœur de ce geste, il y a le désir de se donner du temps pour questionner les enjeux actuels du milieu artistique autant d’une perspective esthétique, éthique, économique que politique. Dans le sillage des gestes de fermeture dans l’histoire de l’art occidentale depuis les années 1960, il en va aussi d’une réflexion sur la valeur du travail, les limites du champ de l’art ainsi que le rôle et la critique des institutions artistiques.
Le 9 septembre prochain, à l’occasion de son cinquième anniversaire, la Galerie UQO inaugurera un laboratoire de recherche collaborative aux croisements de plusieurs champs disciplinaires. Fermés physiquement aux visiteurs pour l’année, les espaces d’exposition seront investis par les bureaux des membres de l’équipe. Dans l’état des choses, il aurait certes été plus simple de reprendre le cours normal de nos activités en mobilisant nos énergies pour répondre à l’urgence numérique, mais il nous a paru nécessaire de se retrouver pour faire autrement. Il ne s’agit donc pas de rien faire, mais d’accorder notre attention aux processus généralement invisibilisés au
profit de la finalité expositionelle, puis de les rendre visibles et audibles par diverses modalités de réflexion, de documentation et de partage. Par ailleurs, la collaboration avec les artistes, les commissaires invité.e.s et les publics sera centrale dans cette mise à l’aventure.
La Galerie UQO proposera un programme en cinq volets thématiques dont les détails seront communiqués en septembre. Il comprendra entre autres des résidences, des ateliers de réflexions et de médiation, des partenariats, une nouvelle série de balados et des publications. La Galerie UQO valorisera les rencontres, des gestes porteurs et des processus qui nous rendent capables d’imagination collective pour percevoir les possibilités d’un nouveau temps que recèle notre présent.
Un retour à la normale ? Non merci – A return to normality ? No thanks