Faux plis par hypothèses
Dès le début septembre, la Galerie lance Faux plis par hypothèses, un projet ambitieux commissarié par Louise Déry, directrice de la Galerie de l’UQAM, et Marie-Hélène Leblanc, directrice de la Galerie UQO. Dans le cadre du projet Faux plis par hypothèses, les commissaires s’intéressent aux aspects singuliers du rôle de la galerie universitaire en engageant une réflexion sur la relation entre l’art et la science. Le projet permet de rencontrer l’art contemporain par le biais des faux plis, ceux qui caractérisent notamment les enjeux de langues et d’identités, de terrestres et de territoires, de structures et d’institutions. Résultant d’un processus de travail de trois années dédiées à Faire autrement, à Faire chantier et à Faire exposition, il réunit treize corpus artistiques dans cinq lieux d’exposition universitaires et de recherche répartis sur le territoire québécois : la Galerie UQO, la Galerie de l’UQAM, la Galerie l’Œuvre de l’Autre (UQAC), les Jardins de Métis et la Galerie d’art Foreman (Université Bishop’s).
Le projet est soutenu par l’Université du Québec en Outaouais, l’Université du Québec à Montréal, le scientifique en chef du Québec et les Fonds de recherche du Québec.
Fabriquer la mémoire documentaire de la performance : Documents d’artistes et Artexte, une analyse comparée franco-québécoise
Cette conférence propose de se pencher sur la fabrication de la mémoire documentaire de la performance au sein de deux organisations culturelles qui exercent en dehors du champ muséal : la première, française, Documents d’artistes et la seconde, québécoise, Artexte. Toutes deux investissent le domaine de la documentation de l’art contemporain. Elles collectent des documents sur les pratiques artistiques contemporaines et les communiquent aux publics; la première par leur éditorialisation en ligne via un site web, la seconde à travers un catalogue en ligne e-artexte permettant de consulter les notices de sa collection de documents non numérises accessibles sur place, ou à distance, les documents numérisés. Cette conférence est l’occasion de présenter comment ces deux organisations contribuent à fabriquer des mémorisations de la performance, de les caractériser et de discuter des représentations cognitives qu’elles offrent des œuvres ainsi documentées et communiquées à travers les médiations documentaires et numériques qu’elles proposent.
Cette conférence est rendue possible grâce au Programme chercheur·e·s invité·e·s de l’UQO, dans le cadre des activités conjointes de l’Équipe Art et musées (FRQSC 2022-2026), de la Galerie UQO et du Groupe de recherche et réflexion CIÉCO (CRSH 2021-2028). Elle bénéficie d’une collaboration avec Documents d’artistes et Artexte et du soutien de l’IDEX – Initiative d’excellence Université Grenoble Alpes.
Désuétude du milieu de l’art : zone sinistrée dans un décor de théâtre abandonné
L’installation Chocolats yougoslaves à prix réduit, qui occupe une place centrale dans cette exposition, dévoile un nouveau corpus de Milutin Gubash. Ce corpus complète un cycle d’œuvres amorcé à la Galerie UQO en 2015 et réalisé sur une dizaine d’années. L’exposition Désuétude du milieu de l’art : zone sinistrée dans un décor de théâtre abandonné est l’aboutissement d’une exploration du processus artistique lui-même tel que vécu par l’artiste – en termes de sacrifices, de contradictions, de travail, de gaspillage, de dépenses matérielles, d’accumulation d’objets, de risques d'échec. La quantité monumentale d’objets présentée traite de l’impermanence du goût et de la frustration permanente du désir, ainsi que de l’anxiété personnelle et collective créée par une économie qui repose sur l’obsolescence. Refusant de se conformer au modèle exigé par le capitalisme, à créer toujours plus de désir, n’acceptant pas non plus de voir simplement cet archétype fantasmé comme une forme d’acte de désespoir, Milutin Gubash envisage cet ensemble de références comme des moments de transition brutale, conscients et agissants; des subversions et des transformations, mises en œuvre pour ouvrir la voie à d’autres façons de vivre dans le monde.
Si les choses étaient différentes, nous ferions autrement – La publication
Si les choses étaient différentes, nous ferions autrement – La publication aborde la question de la performance au Québec et la place qu’y occupe la pratique du duo d’artistes Geneviève Matthieu, à travers le grand projet commissarial proposé par Carmelle Adam et Marie-Hélène Leblanc. Celui-ci fut composé d’une exposition rétrospective, d’une résidence, d’une exposition prospective et d’un colloque orienté autour de la pratique de Geneviève Matthieu. À travers une série de conférences et de performances, d’analyses et de photographies qui y furent ajoutées, l’ouvrage est l’occasion d’entrelacer la réflexion théorique à la pratique performative canadienne et québécoise aux enjeux du commissariat, du théâtre, de la musique, de la performance, de l’installation et de l’autocritique du milieu de l’art.
Auteur·trices et artistes : Carmelle Adam, Véronique Guitard et Hugo Gaudet-Dion, Marc-Antoine K. Phaneuf, Gabrielle Lafrenière, Marie-Hélène Leblanc, Marie-Christine Lesage, Chloë Lum & Yannick Desranleau, Geneviève Matthieu, Dana Michel, André-Louis Paré, Jessica Ragazzini, Dominique Sirois-Rouleau et Stefan St-Laurent
Monologue de la forêt
Catherine Béchard et Sabin Hudon ont amorcé à l’été 2024 un projet de recherche en partenariat avec la Galerie UQO et des chercheur·euses de l’ISFORT (Institut des sciences de la forêt tempérée, UQO). Au cours des prochains mois, des séjours de recherche par les artistes auront lieu dans plusieurs forêts de l’Outaouais. Les artistes sont accompagné·es par Audrey Maheu, directrice scientifique de l’ISFORT et professeure en écohydrologie, par Sylvain Delagrange, professeur en écologie fonctionnelle et écophysiologie végétale, ainsi que par Frédérik Doyon, professeur en écologie appliquée à l’écologie du paysage et l’aménagement forestier. Les résultats de la recherche des artistes seront dévoilés lors d’une exposition à la Galerie UQO au printemps 2026.
L’objet d’étude des artistes consiste à ausculter et à filmer quelques forêts anciennes et d’autres actuellement sous observation scientifique. Il s’agit de mettre en lumière les détails révélateurs des comportements de ces forêts peuplées d’arbres qui interagissent avec différentes espèces, autant d’éléments naturels et d’objets techniques composant leur habitat. À travers un maillage interdisciplinaire fondé sur l’expertise scientifique et artistique, les artistes tentent une sensibilisation à la complexité d’un environnement diversifié et aux cohabitations nombreuses, afin de révéler un monde en deçà et au-delà de celui de l’écoute et du regard habituels.
Si deux consonnes forment un angle aigu, il suffit de l’arrondir légèrement
Dans le cadre de cette résidence amorcée en octobre 2023, Anouk Verviers s’intéresse à l’art en désuétude de la sténographie afin d’explorer les zones de passivité et d’action qui marquent nos rapports aux institutions complexes nous entourant. Comme point de départ, l’artiste intervient au cœur de l’Université, en assistant à deux séries de réunions : celles des rencontres des cadres du Vice-rectorat à la recherche, à la création, aux partenariats et à l’internationalisation de l’UQO (VRRCPI), et celles de l’équipe de la Galerie UQO.
À titre d’observatrice admise à ces rencontres, Anouk Verviers recourt à une écriture sténographique qu’elle a spécialement élaborée pour lui permettre de noter sur le vif, non pas le contenu des propos qui s’y tiennent, mais plutôt la forme et la teneur de ces échanges. Au fil de l’année, les transcriptions anonymisées de ces réunions, les actions réalisées par l’artiste au sein de l’Université et ses recherches menées auprès de la communauté donneront lieu à la réalisation d’une nouvelle série d’œuvres et de « dessins de conversation ».
Ce projet d’infiltration inédit prend place dans le cadre de l’intervention commissariale de Patrice Loubier à la Galerie UQO, dont elle est l’une des artistes invité·es. Il se conclura par son inclusion dans l’exposition à la Galerie UQO qui rendra compte du déroulement de l’intervention commissariale dans son ensemble, en mai-juin 2025.
Intervention commissariale
Signalons enfin que le projet d’intervention commissariale que Patrice Loubier mène depuis plus d’un an au sein de la vie quotidienne et du travail de l’équipe de la Galerie UQO se conclura cet automne. À titre de bilan provisoire, on peut mentionner qu’en 2023-2024, six scénarios d’interventions conçus par le commissaire ont été réalisés, et deux des artistes invité·es ont complété leurs projets respectifs : Chloé Desjardins, avec sa série de répliques d’outils et d’articles de bureau disséminées dans les espaces de travail de la Galerie; et Laurent Marissal, avec la création de deux numéros de sa revue auto-éditée Nada et les « actions picturales » spécialement conçues pour la Galerie UQO.
Quelques interventions seront quant à elles parachevées dans les prochains mois, notamment celle d’Anouk Verviers, qui infiltre les réunions d’équipe de la Galerie et celles du Vice-rectorat à la recherche, à la création, aux partenariats et à l’internationalisation de l’UQO (VRRCPI). Rappelons d’ailleurs qu’une exposition présentée à la Galerie en mai-juin 2025 rendra compte de tous ces projets d’artistes et lèvera le voile sur l’intervention commissariale de Patrice Loubier dans son ensemble.