Présentation
La journée d’étude Coopérer, filmer : déconstruire la colonialité de nos regards sera l’occasion d’approfondir les thématiques abordées par l’exposition 4x4 – Ceci n’est pas une voiture en proposant une visite commentée de celle-ci, suivies de deux tables rondes réunissant des intervenant·es autour des questions - soulevées par le film, l’exposition et la publication – d’une solidarité radicale, portée par la coopération internationale, les pratiques cinématographiques ou d’exposition. La journée d'étude se terminera avec la projection du film zo reken.
Si le dispositif du film zo reken reproduit pour la critiquer la situation d’un regard blanc dans un pays de Noir·es, il ne permet à aucun moment de s’en extraire. On peut ainsi se questionner à savoir à qui profite la production cinématographique documentaire du Nord global s’intéressant à des problématiques du Sud global. Il y a très souvent de l’intérêt, de la curiosité pour l’Autre et une solidarité sincère dans ces démarches, mais ces qualités ne devraient pas nous empêcher de réfléchir à leur agentivité et à leur impact potentiellement contre-productif.
Ce dispositif du film fait écho à l’autre dispositif, plus vaste, de la coopération internationale dans des contextes d’« aide humanitaire » qui continuent aujourd’hui de partager de nombreux préceptes avec le projet colonial : déjà à l’époque, les soins et l’aide technique étaient dictés par l’idée que le progrès avait une valeur de norme universelle. La notion d’aide humanitaire telle qu’on la connaît aujourd’hui s’est ensuite précisée à partir des années 1960, au moment où un fort contingent de pays africains et asiatiques luttaient pour leur indépendance afin de se désolidariser de l’entreprise coloniale, un peu comme si ce nouveau projet tentait d’en prendre le relais.
Comment court-circuiter ces tendances lourdes? Comment faire pour que nos pratiques, qu’elles s’inscrivent dans un projet artistique ou de coopération internationale, ne perpétuent pas la domination économique et politique, persistante et volontairement entretenue, des pays du Nord global sur ceux du Sud global? Comment ces pratiques, au contraire, peuvent-elles contribuer à déconstruire la colonialité de nos regards?
C’est sur ces questions que se pencheront les intervenant·es de la journée d’étude Coopérer, filmer : déconstruire la colonialité de nos regards, pour les réfléchir à voix haute dans des échanges avec le public présent.
Vendredi 14 octobre 2022 à la Galerie UQO
10h00 à 10h30 : Visite commentée de l’exposition
10h30 à 10h45 : Pause
10h45 à 12h15 : Table ronde #1
Intervenant·es :
Emanuel Licha
Édith Brunette
Rodeney Cirius
12h15 à 13h00 : Lunch
13h00 à 14h30 : Table ronde #2
Intervenantes :
Maïka Sondarjee
Célia Romulus
Olivia Umurerwa Rutazibwa
14h30 à 15h00 : Pause
15h00 à 16h30 : Projection de zo reken
Présenté dans le cadre de
Bon à savoir
Intervenants
Emanuel Licha est artiste et cinéaste documentaire. Il est actuellement professeur au département d’histoire de l’art et d’études cinématographiques de l’Université de Montréal / Tiohtià:ke.
Edith Brunette est artiste, autrice et chercheuse.
Rodeney Cirius est doctorant en sociologie à l’Université de Montréal et enseigne à l’Université d’État d’Haïti.
Célia Romulus rejoindra l’Institut d’Études Féministes et de Genre ainsi que l’École de Développement International et Mondialisation de l’Université d’Ottawa en tant que professeure adjointe en janvier 2023.
Maïka Sondarjee est professeure en développement international et mondialisation à l’Université d’Ottawa.
Olivia Umurerwa Rutazibwa est professeure adjointe en droits de la personne et en politique au département de sociologie de la London School of Economics and Political Science, au Royaume-Uni, et chercheuse principale au Johannesburg Institute of Advanced Studies, en Afrique du Sud.