Par le langage comme présence, le geste comme pensée et l’image comme événement, les œuvres rassemblées dans cette exposition inscrivent le corps dans une relation d’interdépendance avec le monde abîmé par lequel il est traversé.
Par le langage comme présence, le geste comme pensée et l’image comme événement, les œuvres rassemblées dans cette exposition inscrivent le corps dans une relation d’interdépendance avec le monde abîmé par lequel il est traversé. Dans un champ de tension ouvert entre des trajectoires intimes et une vie collective érigée sur différentes formes de dépossession, ces œuvres trouvent des résonances dans les conditions politiques d’un monde marqué par la colonialité. Elles proposent des enchevêtrements de récits et des rencontres d’existences poreuses qui donnent à ressentir la coexistence de la fermeture et de l’ouverture, du monde intérieur et de celui qui se trouve au dehors, de l’impasse et du franchissement, comme dans une respiration qui peut être plus ou moins fluide.
« Cette exposition prolonge le laboratoire de réflexion collective Chercher l’ouverture mené à la Galerie UQO en 2020-2021, auquel j’ai participé à titre de commissaire en résidence. Elle s’appuie sur le côtoiement d’œuvres qui m’incitent à adopter une attitude d’écoute. À travers elle, je souhaite avant tout m’exposer, ou nous exposer, à la sensibilité et à la matérialité des corps qui s’éprouvent et se racontent dans les pratiques des artistes, depuis différentes temporalités et dans diverses expériences. Plutôt que de générer du discours sur ces œuvres, ce que j’aimerais susciter est une disposition à être affecté·e, un remous, une manière d’apprendre avec elles. Accompagnée d’une série d’ateliers, l’exposition Franchissements propose de continuer le processus d’échange et de décentrement entrepris en 2020, sans toutefois chercher à le rejouer ou à l’achever, affirmant ainsi la nécessité de le poursuivre. »
— véronique leblanc, commissaire invitée
Une série d’ateliers organisés par l’artiste et commissaire adjointe au programme public Joyce Joumaa sera annoncée lors de l’ouverture de l’exposition, le 10 novembre 2021. Ces ateliers seront majoritairement offerts en ligne et sur inscription.
Bien qu’il n’y aura pas de vernissage, une conférence de presse aura lieu le 10 novembre à 10 h et la commissaire invitée sera présente.
Par une pratique du vivant et de l’image, Jacynthe Carrier s’intéresse aux multiples relations que le corps humain entretient avec ce qui l’entoure. Elle compose des scènes performatives dans lesquelles elle observe différentes façons d’habiter, de créer, d’appartenir, en explorant plus particulièrement la notion de présence et le pouvoir transformateur du geste collectif. Ainsi, elle compose des communautés éphémères qu’elle invite à investir des lieux par différentes formes de présence et d’actions autant physiques que symboliques. En écho aux multiples façons d’habiter, issues de gestuelles quotidiennes ou fictives, et guidés par l’histoire des lieux et par la fragilité de nos environnements, ces espaces performatifs explorent le potentiel du corps collectif comme force d’autodétermination, de poésie et de relation.
Mère, amoureuse, amie, sœur, Marie-Andrée Gill transpose ses relations en poèmes. Son écriture se promène entre kitsch et existentiel, alliant les identités québécoises et ilnues, et exprimant à la fois le Nitassinan et le territoire du Saguenay-Lac-St-Jean. Étudiante en lettres, elle navigue entre l’écriture de l’intime et le concept d’amour décolonial. Elle a publié trois recueils chez La Peuplade, Béante, Frayer et Chauffer le dehors. Elle est également l’animatrice des séries de balados Laissez-nous raconter : L’histoire crochie et Tipatshimun – Les mots de Joséphine.
Joyce Joumaa est une artiste vidéaste basée à Montréal. Après avoir grandi à Tripoli, au Liban, elle obtient un baccalauréat en études cinématographiques de l’Université Concordia. Son travail explore les thèmes de l’éducation postcoloniale, la documentation vidéo comme archive fictive ainsi que la phénoménologie politique de la langue. Sa recherche actuelle porte sur les conflits maritimes ainsi que sur les moyens de représentation visuelle de la crise économique au Liban.
Estela López Solís est née au Mexique, où elle a étudié les arts visuels. Sa recherche artistique est interdisciplinaire et se centre sur la possibilité de dévoiler – sans les trahir – les réalités intimes et secrètes qui nous relient aux autres. Ses œuvres en broderie, dessin, gravure, installation, photographie et vidéo impliquent des processus de création relationnels et performatifs. Son travail a été soutenu par différentes institutions culturelles au Canada, en France, à Cuba et au Mexique, pays dans lesquels elle a exposé ses œuvres. Elle vit et travaille dans la région des Cantons de l’Est.
Kosisochukwu Nnebe est une artiste visuelle canado-nigérienne. Sa pratique vise à susciter des questions à la fois personnelles et structurelles de manière à sensibiliser son public à sa propre complicité. Son travail oscille entre ce qui est opaque (indéchiffrable, caché) et ce qui est transparent (lisible, (hyper)visible) – à la fois littéralement, en termes de matérialité, et métaphoriquement – comme une façon d’explorer l’interaction entre ce qui relève de l’intériorité et ce qui est de nature publique, agentivité et domination, le soi et l’altérité. Ce qui est recherché, toujours, c’est un aperçu sur d’autres façons de voir, de connaître et d’être, incluant celles qui ne sont pas encore comprises par l’artiste elle-même.
(en collaboration avec Kosisochukwu Nnebe)
Katherine Takpannie est une Inuite urbaine dont la famille est originaire d’Apex Hill, au Nunavut. Néanmoins, l’artiste, elle, est née à Montréal, au Québec. Takpannie est une photographe autodidacte qui cherche à révéler les complexités et les nuances de la vie urbaine inuite. Ayant vécu la plus grande partie de sa vie à Ottawa, son travail en témoigne selon sa propre perception. Son langage visuel s’articule autour de la représentation de modes de vie, qui se traduisent tant par des paysages luxuriants que par des scènes urbaines grinçantes.
Performer l’histoire par la mémoire et animer le rythme de la mémoire par la déstabilisation des archives résiduelles sont des pratiques au cœur du travail d’atelier et de la recherche artistique de sanaz sohrabi. l’artiste considère le cadre d’une image comme un réceptacle d’espaces, de corps et d’histoires, qui, lorsqu’ils sont sortis de leur ordre chronologique, peuvent être recadrés et représentés dans une nouvelle narration. dans cette perspective, ce qui est visible et à l’intérieur du cadre devient équivalent à ce qui est absent et hors cadre. elle considère ses installations vidéo, ses films-essais et ses œuvres objet-texte comme des espaces de négociation, où l’on peut imaginer et déstabiliser le passé, différemment, ou de façon fictive.
Véronique Leblanc est commissaire indépendante, autrice et chargée de cours en histoire de l’art à l’Université du Québec à Montréal. Ses projets explorent les manières dont les pratiques artistiques examinent la circulation des discours dans l’espace social et tissent des liens entre l’art et le politique. Ses recherches portent actuellement sur l’imaginaire du commun en art actuel à travers un ensemble de pratiques artistiques qui combinent des approches collaboratives et performatives avec des stratégies documentaires. Elle envisage les projets d’exposition qu’elle initie et les aventures pédagogiques dans lesquelles elle s’implique comme des occasions d’apprentissage partagé.