Présentation
Pour quelles raisons la Galerie UQO a-t-elle invité un commissaire à infiltrer ses structures et son fonctionnement ? S’il s’agissait de faire du fonctionnement de la Galerie la matière et le contexte de créations artistiques inédites, comment concilier les exigences des tâches à réaliser par l’équipe dans des délais souvent serrés avec la conduite exploratoire de l’expérimentation artistique et la part de risque qui lui est inhérente ? Comment parler d’un projet qui se déroule sur près de deux ans dans une institution artistique sans qu’il n’y ait rien à voir ou presque pour le public ? Un tel contexte de création transforme-t-il les rapports entre artiste, commissaire et institution et, si oui, comment ? Quelles étaient les retombées attendues d’une telle initiative, pour la Galerie, le commissaire et les artistes, mais aussi sur le plan de la recherche et de la création en art contemporain ? Et enfin, ou plutôt d’abord, qu’est-ce qu’une « intervention commissariale » ?
La journée d’étude est justement organisée pour discuter de ces questions et dévoiler des pans du projet de façon complémentaire à l’exposition – c’est-à-dire par les témoignages, les réflexions, les échanges et le récit des événements des personnes qui l’ont conçu, réalisé et vécu tout au long des deux années de sa durée : les artistes, le commissaire et les membres de l’équipe de la Galerie UQO qui ont été à la fois « objet » de l’intervention, participant·es et public initial de cette expérience.
La journée d’étude sera structurée en trois moments, correspondant aux étapes de développement de l’intervention commissariale : l’avant (la conception), le pendant (l’exécution) et l’après (la réflexion et l’analyse qu’on peut en faire après-coup, et par quoi s’amorce la réception critique).
Dans un premier échange, Marie-Hélène Leblanc, directrice de la Galerie, et Patrice Loubier, commissaire, retracent la genèse du projet, présentent les idées qui sont à la base de l’intervention et la façon dont le commissaire l’a greffé au cadre de la Galerie UQO.
Les deux tables rondes qui suivent, avant et après la pause du dîner, sont consacrées au déroulement concret du projet. Chacune réunira deux des artistes participant·es et un·e membre de l’équipe de la Galerie. Le commissaire fera d’abord état des raisons qui l’ont amené à inviter les artistes, puis ouvrira l’échange en leur posant, ainsi qu’au membre de l’équipe, quelques questions : comment les artistes se sont-ils et elles acquitté·es de la règle du jeu de l’intervention ? Quels aspects de la Galerie leurs projets respectifs ont-ils abordés, et pourquoi ? Comment le projet qu’ils et elles ont réalisé s’intègre-t-il dans leur démarche, ou la renouvelle ? Et du côté de l’équipe, comment ces interventions ont-elles été reçues ? Comment ses membres ont-ils·elles composé avec des interventions qui leur demandaient parfois leur collaboration active, ou au contraire qui visaient à les surprendre ?
Au terme de la journée, un observateur extérieur sera invité à partager les réflexions, intuitions et questions que lui auront inspiré le projet, lors d’une première visite de l’exposition, et les propos des participant·es qui l’auront précédé durant la journée d’étude. En découvrant l’intervention commissariale non seulement du dehors, mais après sa conclusion, Eduardo Ralickas, professeur d’histoire de l’art à l’UQAM, contribuera à amorcer le processus de sa réception critique. Il s’interrogera par exemple sur le sens du projet et la manière dont on peut le comprendre et le situer dans le champ de l’art contemporain – un chantier qui appelle évidemment une suite.
Bon à savoir
intervenant·es
- Guillaume Clermont
- Chloé Desjardins
- Marie-Hélène Leblanc
- Patrice Loubier
- Laurent Marissal
- Jessica Ragazzini
- Eduardo Ralickas
- Jérémie Roussel
- Anouk Verviers
Balado
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Document
Commissariat
Patrice Loubier
Patrice Loubier est critique d’art, commissaire indépendant et professeur associé au Département d’histoire de l’art de l’Université du Québec à Montréal (UQAM). Il s’est intéressé dans ses travaux à l’installation, à l’art conceptuel, à l’intervention urbaine et aux pratiques dites furtives, que ses écrits ont contribué à faire émerger dans le discours critique. Avec Anne-Marie Ninacs, il est d’ailleurs à l’origine des Commensaux, programmation spéciale du Centre des arts actuels Skol (2000-2001) consacrée aux démarches interventionnistes et relationnelles. À titre de commissaire, il a contribué à la première édition d’Orange à Saint-Hyacinthe (2003) et à la troisième Manif d’art de Québec (2005), et signé des expositions monographiques sur Martin Désilets (2012) et Mario Côté (2013, 2015). Ses recherches plus récentes portent notamment sur la description comme forme artistique et, dans les dernières années, le caractère plus exploratoire de son travail tend à brouiller les frontières entre recherche, commissariat et création.