Il s’agissait de détourner provisoirement la dimension utilitaire du travail effectué à la Galerie pour en faire des occasions de création.
La dernière exposition de la saison rendra compte de l’intervention commissariale menée par Patrice Loubier durant près de deux ans entre les murs de la Galerie UQO, au sein même du travail quotidien de son équipe.
Le projet du commissaire considérait les rouages de la Galerie pour « faire art », ces mêmes rouages qui, des communications aux multiples tâches de son personnel en passant par ses ressources matérielles, servent autrement à produire et diffuser une offre artistique destinée au public sous forme d’expositions. Dit autrement, il s’agissait de détourner provisoirement la dimension utilitaire du travail effectué à la Galerie pour en faire des occasions de création. Dans ce cadre, le commissaire a convié quatre artistes, à savoir Guillaume Clermont, Chloé Desjardins, Laurent Marissal et Anouk Verviers, à s’infiltrer avec lui dans les coulisses institutionnelles.
Temps et espaces de travail, participation aux réunions d’un comité du vice-rectorat, annonces vidéo de la programmation diffusées sur le campus, et paroles échangées entre les membres de l’équipe, entre autres, ont ainsi fait l’objet de scénarios d’interventions, échappant pour la plupart à la vue du public. L’exposition qui clôturera ce projet se propose justement de dévoiler toutes ces interventions dont la Galerie UQO a été le théâtre par la présentation de photos, d’artefacts, de partitions et d’enregistrements sonores – sans oublier les œuvres créées par les artistes.
Anouk Verviers développe une pratique socialement et écologiquement engagée entre Tiohtià:ke / Mooniyang/Montréal (CA) et Londres (RU). Elle détient une maîtrise en Fine Art de Goldsmiths à Londres (2023) et un baccalauréat en arts visuels et médiatiques de l’UQAM (2017). Son travail a été présenté dans le cadre de résidences d’artistes, d’expositions et de projets avec la communauté au Canada, en Suisse et au Royaume-Uni. En 2023, elle a reçu le prix ACME Goldsmiths MFA Award pour son exposition de fin de maîtrise. Elle est chercheuse praticienne au CRITS à l’Université St-Paul (Ottawa, CA) et a initié, en 2022, le Exhausted Hybrid Feminist Species Reading Group (Londres, RU).
Chloé Desjardins détient une Maîtrise en création de l'École des arts visuels et médiatiques de l'UQAM. Durant cette formation, elle s'est intéressée de près aux techniques du moulage. La sculpture détient maintenant une place prédominante dans sa pratique. Au cours des dernières années, elle a présenté des expositions dans plusieurs villes québécoises et canadiennes. Ses œuvres font partie des collections des villes de Montréal, Longueuil et Laval, de la STM, du Musée national des beaux-arts de Québec (CPOA) et du Musée d’art de Joliette. Chloé Desjardins est présidente du conseil d’administration du centre d’artistes Galerie B-312. Nombreuses fois boursière du Conseil des arts et lettres du Québec et du Conseil des Arts du Canada, elle est la lauréate de la Bourse Plein sud 2014.
Au centre de ma démarche se trouve un intérêt marqué pour l’histoire de l’art et des savoir-faire artistiques. Cette attention pour le contexte, la matérialité et les traces du processus me pousse à tenter de rendre visibles les structures externes de conception et de production des œuvres d’art. Les jeux de retournement, de miroir et de contraste que j’imagine font ressortir la valeur symbolique des matériaux que j’utilise (comme le plâtre et la porcelaine) et des objets que je représente (souvent des contenants et des outils). En outre, j’associe des éléments apparemment incompatibles ou contraires pour susciter la réflexion sur nos a priori par rapport aux conventions artistiques. En ce sens, mes œuvres piquent non seulement la curiosité, mais elles poussent l’observateur à faire usage de sa sensibilité et de son sens critique.
Guillaume Clermont est détenteur d’un baccalauréat en arts visuels et médiatiques de l’École d’art, où il a reçu la bourse René-Richard. Il a ensuite obtenu un doctorat en Art et sciences de l’art à l’Université libre de Bruxelles, en partenariat ave. Artiste et chercheur, il est membre du collectifet de la Guilde des artistes, contribuant activement à la scène artistique contemporaine. En 2023, il publie chez l’éditeur indépendant la centrale edizioni une publication à mi-chemin entre le livre d’artiste et l’essai,
Laurent Marissal, né en 1970 à Clichy, vit et travaille à Paris. Il se définit comme peintre sans peinture mais pas sans actions picturales. Le récit de ses actions est compilé dans la série « Pinxit » sous la forme d'énoncés, de témoignages, de dessins, de rapports, de tracts, de lettres, d'anecdotes, de poèmes, de dessins, de photographies... Il reste peintre quelles que soient les circonstances. Cela commence en 1997, pour subsister il est gardien au musée Gustave Moreau mais pour exister en peintre il doit reprendre la peinture en dessous de zéro. Sans peinture, il réalise des actions picturales clandestines – renverser sa chaise de gardien, mettre ses doigts dans la peinture du musée rénovation... Sans peinture, il plie le temps de travail sur le travail du temps. Puis par des actions syndicales picturales – tract, grève, manifestation... Il parvient à réduire le temps de travail et à augmenter l'espace de pause... Il prend le surnom de Painterman, et publie le récit de sa désaliénation : Pinxit (I).
Patrice Loubier est critique d’art, commissaire indépendant et professeur associé au Département d’histoire de l’art de l’Université du Québec à Montréal. Son travail, volontiers exploratoire, tend à brouiller les frontières entre recherche, commissariat et création : il exposait par exemple sa pratique d’historien de l’art lors d’une résidence au Centre des arts actuels SKOL (2012), et il a orchestré plus récemment, avec des artistes complices, des commissariats furtifs greffés à la prestation d’enseignement.