Ce projet se penche sur la modification des rôles que jouent la proximité et la virtualité dans les échanges verbaux, et s’intéresse aux possibles conséquences de ces transformations quant à la variété et à la dominance des langues.
Contagious Speech est un projet artistique à deux composantes, une exposition et son prolongement en ligne. L’exposition comprend un essai vidéo, une performance en direct (diffusée en continu) et l’œuvre Hole in Space: A Public Communication Sculpture (1980) de Kit Galloway et Sherrie Rabinowitz.
Ce projet se penche sur la modification des rôles que jouent la proximité et la virtualité dans les échanges verbaux, et s’intéresse aux possibles conséquences de ces transformations quant à la variété et à la dominance des langues. La pandémie de coronavirus, exacerbant cette transition, a rapidement « contaminé » l’interaction discursive en face à face, vers un discours en ligne. Certains mots ou certaines langues émettent-elles davantage de gouttelettes chargées de particules virales potentiellement contaminantes que d’autres? Quels sont les effets sur notre voix causés par le fait de parler à un écran? Possédons-nous notre voix lorsque nous sommes en ligne? Pourquoi les voix automatisées ne respirent-elles pas?
L’essai vidéo de Contagious Speech repose sur des entretiens avec, notamment, des spécialistes de la vidéoconférence, des analystes du discours, des orthophonistes, des artistes de la voix hors-champ, un infirmier de l’unité des soins intensifs, des spécialistes en traitement automatique des langues, des coachs vocaux et un artiste de beat-box (boîte à rythmes humaine). Utilisant l’IA, Van Harskamp synthétise sa propre voix, créant une voix hors-champ qui finit par dénoter involontairement un accent anglais nord-américain. Tout en sautant du coq à l’âne, une trame de respiration continue traverse l’œuvre. Cette trame de respiration, visualisée spatialement, est performée en direct pendant toute la durée de l’exposition. Le public est invité à suivre la trame de respiration.
L’exposition se prolonge en ligne, sur le site www.contagious-speech.org
Le public y trouvera un sondage portant sur les préjugés linguistiques (anciens et nouveaux, apparus au cours de la pandémie de Covid-19); une conversation entre différentes générations d’artistes de la performance en ligne (également appelées cyber performance, performance en réseau, théâtre numérique ou performance zoom, selon l’époque); une vidéo explicative pour la trame de respiration.
Performance pendant toute la durée de l’exposition par:
Laura Taler, Jacqueline Ethier, Caroline Barriere et Amanda Bon
Hole in Space: A Public Communication Sculpture
Kit Galloway et Sherrie Rabinowitz
Au milieu de la pandémie de coronavirus, alors que Nicoline van Harskamp regardait des performances artistiques sur son écran via Zoom plutôt que d’en faire l’expérience en personne, elle s’est intéressée à l’histoire des performances en ligne, en particulier celles qui nécessitent, d’une manière ou d’une autre, la présence d’un public, un auditoire « non-contaminant » par sa simple respiration. En parcourant des œuvres de cyberthéâtre, des œuvres de téléprésence et des performances en réseau, elle a découvert Hole in Space: A Public Communication Sculpture (1980) de Kit Galloway et Sherrie Rabinowitz. Cette œuvre conçue comme une sculpture de communication publique fut présentée sur trois jours. Un soir de novembre 1980, le public passant devant le Lincoln Center for the Performing Arts à New York et le grand magasin The Broadway situé dans le centre commercial en plein air de Century City (Los Angeles), découvrait une surprenante connexion entre l’un et l’autre. Soudainement, des images télévisées grandeur nature des habitants de la côte opposée sont apparues. Ils pouvaient désormais se voir, s’entendre et se parler comme s’ils se rencontraient sur le même trottoir. Aucun signe, logo de commanditaires ou générique n’a été affiché – aucune explication n’a été offerte. Hole in Space: A Public Communication Sculpture a soudainement rompu la distance entre les deux villes. Il y a eu la soirée de découverte, suivie de la soirée de rendez-vous volontaires générés par le bouche-à-oreille, suivie d’un mouvement massif de familles et d’êtres chers transcontinentaux, dont certains ne s’étaient pas vus depuis plus de vingt ans.
Le travail de l’artiste Nicoline van Harskamp explore les thèmes du langage et de la solidarité.
Ses vidéos et ses installations ont été présentées, entre autres, à la Edith Russ Haus d’Oldenburg, au Stedelijk Museum d’Amsterdam, à la Galerie Leonard & Bina Ellen de Montréal, à la Haus der Kulturen der Welt de Berlin, au BAK d’Utrecht, à Manifesta 9 de Genk et aux Biennales de Göteborg, Sydney, Taipei, Moscou et Budapest.
Ses performances ont été présentées, entre autres, au M HKA d’Anvers, à l’Urbane Künste Ruhr d’Oberhausen, au Steirischer Herbst de Graz, au Project Art Centre de Dublin, à la Tate Modern de Londres, au KunstWerke de Berlin, au New Museum de New York, à l’Arnolfini de Bristol, à la Fondation Serralves de Porto et au Kaaitheater de Bruxelles.
Depuis son lancement en 2019, le vaste projet de Van Harskamp, Englishes Mooc, un cours en ligne ouvert et destiné à toute personne qui utilise l’anglais à des fins artistiques, des centaines de personnes à travers le monde s’y sont inscrites pour une session de six semaines.
Nicoline van Harskamp vit et travaille aux Pays-Bas. Elle est professeure en art performatif à l’Université des beaux-arts de Münster (Allemagne).
L’artiste et la commissaire remercient Kit Galloway, Laura Taler, Jacqueline Ethier, Caroline Barriere et Amanda Bon.
Le projet est rendu possible grâce au Mondriaan Fund.
Détentrice d’un doctorat en études et pratiques des arts de l’Université du Québec à Montréal (2024), Marie-Hélène Leblanc est directrice et commissaire de la Galerie UQO à l’Université du Québec en Outaouais depuis 2015. Sa pratique commissariale l’a amenée à produire plus d’une trentaine de projets présentés dans diverses structures d’exposition au Québec, au Canada et en Europe. Considérant l’exposition comme médium, elle se définit comme commissaire-faiseuse d’expositions-autrice-praticienne-chercheuse. Gaspésienne, elle vit à Gatineau.