L’installation Chocolats yougoslaves à prix réduit, qui occupe une place centrale dans cette exposition, dévoile un nouveau corpus de Milutin Gubash. Ce corpus complète un cycle d’œuvres amorcé à la Galerie UQO en 2015 et réalisé sur une dizaine d’années. L’exposition Désuétude du milieu de l’art : zone sinistrée dans un décor de théâtre abandonné est l’aboutissement d’une exploration du processus artistique lui-même tel que vécu par l’artiste – en termes de sacrifices, de contradictions, de travail, de gaspillage, de dépenses matérielles, d’accumulation d’objets, de risques d'échec. La quantité monumentale d’objets présentée traite de l’impermanence du goût et de la frustration permanente du désir, ainsi que de l’anxiété personnelle et collective créée par une économie qui repose sur l’obsolescence. Refusant de se conformer au modèle exigé par le capitalisme, à créer toujours plus de désir, n’acceptant pas non plus de voir simplement cet archétype fantasmé comme une forme d’acte de désespoir, Milutin Gubash envisage cet ensemble de références comme des moments de transition brutale, conscients et agissants; des subversions et des transformations, mises en œuvre pour ouvrir la voie à d’autres façons de vivre dans le monde.
Milutin Gubash est né à Novi Sad (Serbie) et vit à Montréal (Canada) depuis 2005. Il a présenté des expositions au Québec, au Canada, aux États-Unis et en Europe. Il a notamment exposé au Musée d’art contemporain de Montréal (2007) et sa production a fait l’objet d’une rétrospective coproduite par six institutions à travers le Canada (Rodman Hall Art Centre 2011, Carleton University Art Gallery 2012, Kitchener-Waterloo Art Gallery 2012, Southern Alberta Art Gallery 2012, Musée d’art de Joliette 2012 et Fonderie Darling 2013). Il prépare actuellement une exposition au Musée des beaux-arts du Canada qui sera présentée en 2016. Sa pratique englobe la photographie, la vidéo et la performance et inclut souvent la participation de sa famille et amis qui incarnent une version d’eux-mêmes dans des feuilletons maison, des réinterprétations historiques et des pièces de théâtre improvisées. Par des moyens simples et des gestes souvent absurdes, Gubash questionne nos suppositions au sujet des récits de nos propres identités, histoires et environnements.
Détentrice d’un doctorat en études et pratiques des arts de l’Université du Québec à Montréal (2024), Marie-Hélène Leblanc est directrice et commissaire de la Galerie UQO à l’Université du Québec en Outaouais depuis 2015. Sa pratique commissariale l’a amenée à produire plus d’une trentaine de projets présentés dans diverses structures d’exposition au Québec, au Canada et en Europe. Considérant l’exposition comme médium, elle se définit comme commissaire-faiseuse d’expositions-autrice-praticienne-chercheuse. Gaspésienne, elle vit à Gatineau.