Présentation
Les œuvres et les interventions proposées dans À perte de vue / Endless Landscape sont multiples. Formellement et méthodiquement, elles sont considérées comme de l’art public ; elles sont tangibles et monumentales dans certains cas, intangibles et performatives dans d’autres cas. Quoi qu’il en soit, elles sont provisoires et produites pour ce projet temporaire. Les créations soulèvent des contraintes quant aux fonctions muséales liées à l’acquisition, à la conservation et à la présentation, et impliquent aussi plusieurs considérations quant à la muséalisation de celles-ci. Jonathan Shaughnessy, conservateur en art contemporain au Musée des beaux-arts du Canada (MBAC), questionne concrètement ce genre de productions contemporaines, et plus spécifiquement, l’acquisition de celles-ci. De part et d’autre, le projet joue un rôle crucial dans la résurgence de l’affirmation des peuples autochtones, proclamant ainsi leur présence. Steven Loft, directeur du programme Création de connaissances et de partage : les arts et les cultures des Premières nations, des Inuits et des Métis au Conseil des Arts du Canada, avance plusieurs théories en survolant les pratiques artistiques, afin de démontrer de façon théorique la manifestation des droits sociaux, politiques et culturels des autochtones.
Difficiles à collectionner ? Les oeuvres in situ et autres installations dans l’art contemporain - Jonathan Shaughnessy
Dans cet exposé, Jonathan Shaghnessy évoquera son expérience de travail avec des artistes contemporains dont les productions excèdent les limites des formats traditionnels de l’oeuvre d’art et de l’espace muséal. Une institution nationale peut-elle et doit-elle collectionner de telles pièces? Quelles sont la nature et l’histoire de ce type de production au Canada et dans le monde? Dans quelle mesure remet-elle en question l’ontologie de l’oeuvre d’art et/ou est-ce une question toujours pertinente? Enfin, les projets in situ de grande envergure vont-ils à l’encontre des objectifs et des mandats des collections “permanentes” d’oeuvres d’art?
L’art autochtone affirme la présence, la résistance et la souveraineté autochtones au sein des structures et des dispositifs d’encadrement coloniaux. - Steven Loft
Alors qu’en tant qu’État-nation, nous réévaluons aujourd’hui le lieu et l’espace de la souveraineté autochtone, quelle est la place du discours sur l’art autochtone dans le paysage mouvant de la conciliation et la décolonisation? Si nous acceptons l’idée que l’espace colonial est à la fois mutable et immuable – c’est-à-dire que sa construction présuppose sa supériorité en même temps que cette notion se voit inévitablement renversée par la réalité – alors nous devons considérer que nous sommes tous des agents soit de l’immobilisme soit du changement. Pour toute forme d’agentivité politique, sociale ou culturelle remettant en cause le statu quo, il y aura toujours les forces concurrentes de l’enracinement /du privilège colonial, de la paranoïa d’opposition ou, simplement, de l’inertie. Comme le remarque Glen Coulthard, universitaire issu du peuple déné, « une véritable décolonisation doit s’attaquer aux problèmes en portant directement son attention au-delà des simples relations économiques; elle doit rendre compte des multiples façons dont le capitalisme, le patriarcat, la suprématie blanche et le caractère totalitaire du pouvoir étatique interagissent pour former la constellation de relations de pouvoir qui fonde les modèles coloniaux de comportements, de structures et de relations. »
Dans nos communautés, dans ce pays et partout dans le monde, les peuples autochtones continuent à affirmer leurs droits sociaux, politiques, culturels et ancestraux. L’art et la culture sous toutes ses formes ont joué et jouent encore un rôle crucial dans cette renaissance. J’examinerai le concept d’art autochtone créé pour proclamer la présence, la résistance et la souveraineté autochtones au sein des structures et des dispositifs d’encadrement coloniaux.
Présenté dans le cadre de
Bon à savoir
Intervenants
Jonathan Shaughnessy est un commissaire basé à Ottawa. Il exerce depuis 2005 les fonctions de conservateur adjoint d’art contemporain au Musée des beaux-arts du Canada.
Steven Loft est un Mohawk de la bande des Six-Nations d’origine juive. Il est actuellement directeur du Programme du Conseil des Arts du Canada, Créer, connaître et partager: Arts et cultures des Premières Nations, des Inuits et des Métis.